Santé des personnes âgées : l’ostéoporose

Après 65 ans, les fractures à répétition peuvent révéler une ostéoporose longtemps silencieuse. Cette maladie fragilise les os sans symptômes visibles, jusqu’à provoquer des chutes graves. Elle touche particulièrement les femmes après la ménopause, mais aussi les hommes dès l’andropause. Le diagnostic repose sur la densitométrie osseuse (DEXA), indispensable pour prévenir les complications. Traitements, prévention des chutes, nutrition adaptée et activité physique ciblée sont les piliers d’une prise en charge efficace. Vivre avec l’ostéoporose demande aussi un soutien psychologique, surtout face aux peurs de chute ou à la perte d’autonomie. La coordination médicale est essentielle en cas de polypathologies.

Une chute banale, un poignet fracturé, puis quelques mois plus tard, une hanche fragilisée. Chez les personnes de plus de 65 ans, ces fractures à répétition ne sont jamais anodines. Elles peuvent être le premier signal d’une ostéoporose silencieuse, longtemps passée inaperçue. Cette maladie affaiblit progressivement la structure osseuse sans provoquer de douleur, jusqu’au jour où un simple faux pas entraîne une blessure grave. Les signes d’alerte incluent une perte de taille, un dos voûté ou des douleurs lombaires inexpliquées. Trop souvent, le diagnostic n’est posé qu’après plusieurs incidents. Pourtant, une détection précoce permet de limiter les risques par un suivi adapté, des examens de densitométrie et un traitement ciblé. Face à des fractures récurrentes, il est essentiel de ne pas banaliser les symptômes et d’envisager rapidement un bilan osseux, surtout après 65 ans. L’ostéoporose n’est pas une fatalité, mais elle exige vigilance et prévention.

Après la ménopause chez la femme et l’andropause chez l’homme, le squelette entre dans une phase de fragilisation progressive. La chute brutale des œstrogènes chez les femmes accélère la perte de densité osseuse, rendant les os plus poreux et fragiles. Chez les hommes, le déclin plus lent de la testostérone agit aussi, mais de manière plus progressive. Ces hormones jouent un rôle clé dans le renouvellement osseux, en stimulant l’activité des cellules qui reconstruisent l’os.

Lorsque leur taux diminue, ce mécanisme devient moins efficace, et la dégradation l’emporte sur la régénération. Résultat : un risque accru de fractures, souvent sans signes précurseurs. Les femmes sont particulièrement touchées dès 50 ans, tandis que les hommes voient le danger augmenter vers 65 ans. Comprendre ces mécanismes permet d’anticiper les pertes osseuses et de mettre en place des stratégies de prévention ciblées, incluant alimentation, activité physique et traitements adaptés.

L’ostéodensitométrie, ou DEXA, est l’examen de référence pour mesurer la densité minérale osseuse. Elle permet de détecter une ostéoporose silencieuse avant même l’apparition de fractures. Le résultat s’exprime par un score T, qui compare la densité osseuse du patient à celle d’un adulte jeune en bonne santé. Un score inférieur à -2,5 indique une ostéoporose. Entre -1 et -2,5, on parle d’ostéopénie, un état précurseur. Ce test est rapide, indolore et essentiel à partir de 65 ans, surtout chez les femmes. Après 70 ans, un contrôle régulier tous les deux à trois ans est recommandé en cas de facteurs de risque. L’imagerie médicale permet quant à elle de détecter des fractures vertébrales non douloureuses, souvent passées inaperçues. Comprendre ces bilans est crucial pour adapter le suivi, prévenir les chutes et amorcer un traitement. Un diagnostic bien posé évite bien des complications à long terme.

Le dépistage de l’ostéoporose post-ménopausique suscite un véritable débat médical. Faut-il tester systématiquement toutes les femmes de plus de 60 ans, ou cibler les profils à risque ? Les recommandations actuelles préconisent un dépistage sélectif basé sur plusieurs critères : antécédents de fractures, ménopause précoce, faible indice de masse corporelle, traitements corticoïdes prolongés ou antécédents familiaux. L’ostéodensitométrie (DEXA) est ainsi réservée en priorité aux femmes cumulant ces facteurs.

Pourtant, certains experts plaident pour un dépistage élargi dès 65 ans, voire plus tôt selon le profil. Car l’ostéoporose évolue sans symptôme et les fractures surviennent souvent sans avertissement. Une prise en charge précoce permettrait d’éviter de nombreuses hospitalisations et pertes d’autonomie. Entre recommandations prudentes et réalité du terrain, les pratiques varient. Mais une chose est sûre : ignorer le risque après 60 ans, c’est laisser la maladie progresser en silence.

Face à l’ostéoporose, les traitements antirésorptifs comme les bisphosphonates ou le dénosumab sont fréquemment prescrits. Leur objectif : ralentir la perte osseuse en bloquant l’action des cellules qui détruisent l’os. Ils permettent de réduire le risque de fractures, notamment vertébrales et fémorales. Toutefois, ces traitements ne sont pas sans limites. Des effets secondaires digestifs ou articulaires, voire des complications plus rares (ostéonécrose de la mâchoire, fractures atypiques) peuvent survenir.

De plus, l’efficacité peut s’atténuer après plusieurs années, justifiant parfois une pause thérapeutique sous surveillance médicale. Certaines personnes interrompent leur traitement par crainte ou inconfort. Des approches naturelles complémentaires existent : alimentation riche en calcium, vitamine D, activité physique régulière et arrêt du tabac. Mais elles ne remplacent pas toujours un traitement médicamenteux. Le choix doit être personnalisé, selon le profil de risque et la tolérance du patient, en concertation avec un professionnel de santé.

Chez les personnes atteintes d’ostéoporose, une chute domestique peut avoir des conséquences dramatiques : fracture du col du fémur, perte d’autonomie, hospitalisation longue. Or, la majorité de ces accidents survient dans le logement. Prévenir les chutes passe donc par un aménagement réfléchi. Il est essentiel d’éliminer les tapis glissants, de fixer les fils électriques, d’installer un éclairage automatique dans les couloirs et les escaliers. Les revêtements antidérapants au sol réduisent fortement le risque de glissade.

Dans la salle de bain, les barres d’appui et les sièges de douche sécurisent les gestes du quotidien. Ces ajustements simples préviennent les accidents tout en préservant l’autonomie. Car en cas de fracture, c’est souvent la mobilité qui se dégrade durablement. L’ostéoporose fragilise les os, mais c’est la chute qui déclenche la spirale de dépendance. Investir dans la prévention domestique, c’est donc aussi protéger la qualité de vie des seniors.

L’alimentation joue un rôle central dans la prévention de l’ostéoporose, à condition d’éviter les idées reçues. Le calcium reste essentiel, mais il ne suffit pas à lui seul. Sans vitamine D, il est mal absorbé par l’organisme. Une exposition modérée au soleil et des aliments riches en vitamine D (poissons gras, œufs) sont donc indispensables. Les protéines, souvent négligées, sont tout aussi cruciales : elles soutiennent la masse musculaire et favorisent la solidité osseuse.

Une carence en protéines fragilise l’ensemble du squelette, surtout chez les personnes âgées. Les compléments alimentaires peuvent être utiles en cas de déficit avéré, mais leur consommation à l’aveugle est à éviter. Trop de calcium, sans contrôle médical, peut même nuire. Enfin, attention aux régimes restrictifs : supprimer les produits laitiers ou le sel sans accompagnement professionnel peut aggraver le déséquilibre. Une alimentation variée, riche et équilibrée reste la meilleure défense contre la fragilité osseuse.

Pour préserver le capital osseux après 60 ans, l’activité physique régulière est indispensable. Mais tous les exercices ne se valent pas. En cas d’ostéoporose diagnostiquée, les activités à privilégier sont celles qui sollicitent les muscles en douceur tout en stimulant l’ossature. La musculation légère, encadrée par un professionnel, renforce les os et améliore la posture.

Le tai-chi, quant à lui, combine équilibre, coordination et concentration, réduisant efficacement le risque de chute. La marche rapide, les montées d’escaliers ou la danse lente sont également bénéfiques. À l’inverse, les sports à impacts forts comme le saut ou le jogging intensif sont souvent contre-indiqués en cas d’ostéoporose avancée. Le yoga, s’il implique des torsions excessives, doit être pratiqué avec prudence. L’objectif n’est pas la performance mais la régularité. Une activité adaptée, bien choisie, contribue non seulement à solidifier les os, mais aussi à maintenir mobilité, confiance et autonomie au quotidien.

Recevoir un diagnostic d’ostéoporose peut provoquer un véritable choc émotionnel. Peur de tomber, angoisse des fractures, sentiment de vulnérabilité : ces réactions sont fréquentes, surtout chez les personnes âgées. La maladie impose parfois des changements de rythme, des restrictions d’activités, voire une perte de confiance en soi. Cet impact psychologique ne doit pas être négligé. Un accompagnement empathique, qu’il soit médical ou psychologique, aide à mieux accepter la maladie et à reprendre le contrôle de son quotidien.

Les aidants jouent ici un rôle clé : leur présence rassure, structure les journées et favorise l’adhésion au traitement. Le soutien familial limite aussi l’isolement social, souvent aggravé par la peur de sortir ou de chuter. Groupes de parole, séances d’éducation thérapeutique, échanges avec d’autres patients : toutes ces ressources peuvent redonner confiance. Car vivre avec l’ostéoporose, c’est surtout apprendre à rester actif, entouré et informé.

Chez les seniors, l’ostéoporose coexiste souvent avec d’autres pathologies chroniques comme le diabète, l’arthrose ou les maladies cardiovasculaires. Cette situation complique la prise en charge, car certains traitements peuvent interagir entre eux ou aggraver une autre condition. Par exemple, certains anti-inflammatoires utilisés contre l’arthrose fragilisent l’estomac ou les reins, tandis que les corticoïdes, utiles en rhumatologie, accélèrent la perte osseuse.

La priorité est donc de coordonner les soins avec une vision globale du patient. Le rôle du médecin généraliste et du gériatre devient essentiel pour ajuster les prescriptions, éviter les redondances et prévenir les effets secondaires. Une surveillance renforcée est aussi nécessaire si la personne prend plusieurs médicaments au long cours. Adapter les traitements à chaque profil, avec prudence et dialogue, permet de préserver l’efficacité tout en évitant les complications. L’ostéoporose ne peut être traitée isolément : elle s’inscrit dans un équilibre thérapeutique à construire finement.